À Béziers, le secteur industriel touché de plein fouet par la crise

Les PME industrielles de Béziers, dont beaucoup sont sous-traitantes dans les secteurs aéronautique et pétrolier, voient leur activité chuter de 50% en avril. Regroupées au sein du cluster ITS Fusion, elles étudient des pistes de diversification

Double peine pour l’industrie de Béziers. Les neuf entreprises du réseau ITS Fusion, qui réalisent en cumulé 60 millions d’euros de chiffre d’affaires (sous-traitance, maintenance industrielle, travaux neufs, machines spéciales et outillages), sont actives sur les marchés pétrole et gaz et, depuis 2016, aéronautique. Deux secteurs en pleine récession. Le secteur pétrolier, tiré à Béziers par Cameron (Schlumberger, 500 salariés, premier employeur privé du Biterrois) n’avait pas attendu la pandémie pour décliner. Le chômage partiel touche environ 100 des 300 salariés des entreprises membres d’ITS Fusion.

De nombreux motifs d’inquiétudes pour les prochains mois : « Difficulté d’approvisionnement de matériel et d’expéditions de notre production (…) ; annulations ou reports de commandes », détaille Mathieu DOSSAT, président d’ITS Fusion et PDG de DELTA Automatisme.
La crainte concerne surtout le second semestre et 2021, « où nous allons subir de plein fouet la baisse d’activité dans le pétrole et l’aéronautique. On n’a plus du tout de visibilité dans l’aéronautique, un secteur qui en offre d’ordinaire ».

Membre le plus important d’ITS Fusion, Mécanic Sud Industrie (Groupe Rochette Industrie, 170 salariés, dont 95 à Béziers) produit des pièces et sous-ensembles mécaniques à forte valeur ajoutée. Il anticipe une baisse de chiffre d’affaires de 15 à 30 % pour le prochain exercice. Un prêt garanti par l’Etat de 3,5 millions d’euros a été contracté auprès de trois banques, « pour rassurer les actionnaires », indique Pierre-Damien Rochette, directeur général. «Les crédits bancaires ont par ailleurs été rallongés de 6 à 12 mois. C’est une crise très particulière, car il faut gérer à la fois le court, le moyen et le long terme. » Des commandes ont pu être lissées dans le temps, plutôt que reportées, « pour assurer des heures de production ». « Nous venons du monde du pétrole, par nature très cyclique. On sait gérer ces négociations, elles font partie du processus », ajoute Sébastien Bardina, directeur achat. Une cellule de crise a été mise en place. Elle se réunit, chaque jour, pour jauger l’état des fournisseurs (acier, inox, titane…), décaler au maximum les charges, établir un plan de réduction des coûts de 30 %…

La CCI Hérault, les élus locaux et le sous-préfet de Béziers étudient une diversification des entreprises d’ITS Fusion vers les marchés porteurs des énergies renouvelables, de l’environnement et du traitement de l’eau. Mathieu Dossat milite aussi pour organiser une rencontre des entreprises locales avec les acheteurs publics et les responsables maintenance de grands sites industriels pour leur proposer leurs services. Il envisage aussi une création de grappe industrielle, « pour voir ce qui peut être réindustrialisé localement ».

Hubert VIALATTE
Pour LesEchos

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